L’industrie du jeu vidéo est un univers impitoyable, certains titres sont mis sous le feu des projecteurs et sont encensés par la critique avant même d’être dévoilés au grand public sous prétexte que de gros studios annonce leurs nouvelles licences. D’autres bénéficient d’une communication maladroite ou d’une annonce au mauvais moment et c’est exactement le cas de Tetris Effect. Annoncé quelques jours avant l’E3 2018 (Eletronic Entertainment Expo), il avait suscité un mouvement de grogne de la part de la communauté VR. Pour rappel. l’E3 est l’occasion pour tous les studios de présenter leurs jeux et d’en faire un maximum de promotion. Cette année, Sony avait fait monter la pression une semaine avant, en dévoilant un jeu chaque jour de la semaine et notamment un jeu en réalité virtuelle tous les deux jours. Malheureusement, Tetris Effect a été le premier à être dévoilé et prise dans la hype, la grosse communauté PSVR en place s’attendait à découvrir un jeu triple A exploitant au maximum la puissance de notre Playstation 4 et de notre Playstation VR (PSVR). Des semaines, des mois se sont écoulés et c’est le 9 novembre 2018 au tarif de 39,99 € sur le PlayStation Store européen que Tetris Effect, développé par les studios japonais Monstars Inc et Resonair se présente à nous. C’est l’occasion de pouvoir remettre les compteurs à zéro et de se poser la question : est-il possible de juger un jeu avant même que celui-ci soit entre les mains des joueurs ?
Le jeu est compatible en non VR mais c’est évidemment sur Playstation VR que nous effectuerons ce test. Mettons-nous en condition comme l’indique le jeu, c’est-à-dire notre casque PSVR sur la tête et nos écouteurs enfoncés dans nos oreilles pour une expérience optimale.
Origine : TETRIS Effect by Mizuguchi SAN
Avant la version Playstation VR, il y avait quoi en fait ? La licence Tetris est connue depuis l’époque de nos grands-parents : le premier jeu Tetris a été développé par Aleksei Pajitnov (Tetris est la contraction de tetramino et tennis) dans les années 80 sur Elektronica 60 et c’est vraiment en 1989 sur la Gameboy de Nintendo que la licence rendit accros des millions de joueurs. Des études ont même été menées concernant « l’effet Tetris » ou le « syndrome Tetris ». C’est un état qui apparaît lorsqu’une personne jouant trop longtemps au jeu Tetris, se met à penser comment peuvent s’emboîter par exemple des blocs sur une étagère ou lorsque l’on place nos affaires dans le coffre de la voiture avant de partir en vacances. Les personnes concernées peuvent voir également des tetrominos lorsque qu’ils ferment les yeux ou encore imaginer des tetrominos tomber avant de s’endormir. Près de 40 ans plus tard, la licence a su se créer une communauté fidèle en ayant eu la capacité d’évoluer en fonction des années et des générations de consoles. On se souvient notamment du Tetris sur Game Boy, jouable à deux avec un câble link, de de la version Nintendo 64, jouable jusqu’à 4 et utilisant un capteur biométrique afin d’ajuster le niveau de difficulté en fonction de son rythme cardiaque, de Tetris DS jouable en local jusqu’à 10 et en ligne incluant des mécaniques de gameplay tel que des T Spin et des éléments de puzzle ou encore les différents crossover, et notamment le dernier en date Puyo Puyo Tetris, mixant les gameplay de Tetris et de Puyo pop pour un mélange pour le moins détonnant. Encensé par la critique, cette faculté d’adaptation et d’évolution a permis une collaboration pour le moins assez surprenante mais logique, avec d »un coté le studio Resonair dirigé par Tetsuya Mizuguchi et de l’autre une licence majeure de l’industrie vidéo ludique. Mizuguchi san est connu et reconnu dans ses œuvres ludiques : après avoir contribuer à développer Sega Rally Championship ou Manx TT Superbike, il s’est spécialisé dans les jeux mettant l’accent sur l’environnement sonore, en commençant par Space Channel 5, Rez, Lumines, Meteos ou Child of Eden. Vous l’aurez compris, nous n’avons pas affaire à un débutant mais bel et bien à un réalisateur maîtrisant son sujet. Tetsuya Mizuguchi s’attaque aujourd’hui à la licence Tetris en essayant d’y apporter sa patte poétique, sonore, visuelle, en jouant avec nos émotions et surtout pour prouver que le « TETRIS EFFECT » est bien une réalité.
Gameplay : Les blocs s’imbriquent et ça déboîte sur Playstation VR !
Le style Tetris a su se développer depuis les plus de 30 ans de la licence ‘ de nombreuses mécaniques de gameplay se sont rajoutés au fil des ans pour mieux dynamiser et renouveler l’attrait des joueurs vis-à-vis de la licence et une phase de didacticiel est également disponible pour apprendre tout les rouages de Tetris Effect.
Le principe est simple, des tétrminos tombent du haut de l’écran vers le bas et s’ils s’empilent jusqu’à une certaine hauteur, c’est le game over assuré. Pour remédier à cela, il vous faudra créer jusqu’à 4 lignes horizontales afin de les faire disparaître.
Dans les grandes lignes, le jeu est simple comme « bonjour » mais c’est sans compter la vitesse de défilement des pièces qui accélèrent à chaque palier de 10. Globalement, dans Tetris Effect, on vous demandera notamment en mode périple, d’atteindre un certains nombre de lignes et pour ce faire, des mécaniques de gameplay viennent se greffer au jeu.
Nous pouvons faire déplacer et pivoter les tétrominos vers la gauche ou la droite, mettre un pièce en réserve afin de switcher en temps voulu et adapter son jeu, effectuer des « T SPIN », cette mécanique fort utile qui permet de « faufiler » sa pièce dans la construction en la pivotant, et appuyer sur la touche haut, ce qui permet de descendre notre pièce d’un coup et d’augmenter son score.
Son : Electro beat box
Pour réaliser ce test comme précisé plus haut, je me suis isolée dans ma bulle avec mon casque audio sur les oreilles afin de jouir pleinement de l’ambiance sonore de Tetsuya Mizuguchi. Connu et reconnu pour jouer avec nos tympans et de la plus belle des manières, celui-ci revient ici avec Tetris Effect nous caresser les oreilles avec des compositions électro se mêlant parfaitement à l’univers du soft. Effectivement, la musique est au cœur du jeu, chaque déplacement que vous effectuerez jouent un sample harmonisé avec le son déjà existant dans les tableaux. De plus, la musique de Tetris Effect s’accorde avec le rythme des parties en ajoutant des percussions ou autres sons au fur et a mesures de nos paliers en augmentant les basses, ce qui ajoute de la pression dans le système de jeu et occasionne un stress quasi palpable à chacune de nos sessions.
Immersion : Un voyage sensoriel
Sur nos tests en réalité virtuelle, nous avons ajouté un paragraphe sur l’immersion dans un jeu. Il est facile d’éprouver des sensations de peur lorsque l’on joue au cultissime Resident evil 7, se prendre pour un super soldat avec Farpoint ou Evasion mais qu’en est-il avec le jeu du studio RESONAIR ?
Testsua Mizuguchi à clairement mis la barre très haut en voulant jouer avec nos émotions et il faut bien reconnaître que le bougre arrive a maîtriser son sujet avec brio en réussissant le pari fou de se jouer de nos sens. Préparez-vous à réactiver vos sens du toucher, de l’ouïe et de la vue. Dès l’écran titre, nos mirettes prennent un choc visuel, les couleurs explosent de partout, le jeu est net, sans aliasing ni effet de flou et les effets de particule sont de toute beauté. Le mode périple engagé et nous voici plongé dans un voyage féerique où nous traversons les tableaux aux thématiques diverses et variées alliant effets de lumières et particules tout autour de notre puzzle sans jamais venir nuire à notre visibilité et nous déconcentrer ; car en effet, dans les Tetris, en ce concentrant sur le gameplay nous développons un effet « tunnel » qui focalise notre attention sur nos pièces et les développeurs ont eu l’intelligence d’exploiter notre vision périphérique en y incrustant les fameux « EFFECT ». Concernant notre ouïe, le son est clair, limpide, envoûtant et nos oreilles en redemandent, basculant de la chanson pop en passant par des tambours, des cloches, des mélodies, du rap, … Un panel éclectique se présente à nous, satisfaisant un large public (mention spéciale pour les thématiques météorologiques). Pour finir, subtil mais ingénieux, l’ajout des vibrations de la Dualshock 4 liée à nos actions dans le jeu, s’intègre naturellement au titre. Ce mélange savamment bien dosé procure des émotions d’euphorie, de mélancolie, de stress et d’émerveillement pour les plus sensibles d’entre vous.
Durée de vie : Un plaisir solitaire
Premier constat et pas des moindres : Tetris Effect Playstation VR ne comporte pas de mode multijoueur, et c’est bien là le plus gros défaut du soft ; pas de joute en local ni en ligne mais uniquement un énorme contenu solo divisé en trois parties majeures :
Le mode périple nous fera profiter de 27 environnements aux effets visuels variés, répartis par groupes de 3 à 5 sur 6 sections, la 7ème étant le challenge final, tous jouables sur 3 niveaux de difficultés ; elle vous tiendra en halène entre 3 à 3h30 de votre temps.
Le mode théâtre, qui est débloqué une fois que l’on a terminé le mode périple, permet de revivre les EFFECT mais uniquement en tant que spectateur.
Pour terminer, le mode effet vous propose de jouer selon votre humeur en proposant jusqu’à 15 défis divisés en 4 catégories : classique, aventureux, relaxé et concentré. Cet section est au cœur du jeu et vous proposera de vous surpasser en comparant vos score à ceux de vos amis en ligne, en proposant des modes tels que le All Clear dont le principe sera de « vider » la succession de puzzles prédéfinie le plus rapidement possible à l’aide de tétrominos imposés ou encore le mode mystérieux proposant des challenges uniques chaque week-end, permettant de débloquer des avatars afin de personnaliser son profil.
Conclusion
Nous ne pouvons juger un livre à sa couverture : cet adage convient parfaitement à Tetris Effect. Souffrant de retours négatifs post publication, il se présente à nous avec tact et discrétion montrant à la concurrence qui est le nouveau patron. L’addiction du scoring est bel et bien présent, la multitude de modes de jeu allonge la durée de vie déjà grosse du mode périple sans parler des défis du week-end. Les effets sont généralement réussis et variés, diversifiant les heures passées avec notre casque VR sur la tête. Et que dire de l’ambiance sonore finissant d’envoûter notre esprit ? Les éléments du jeu sont indissociables et s’imbriquent à merveille, Tetris Effect ne serait pas aussi bon si l’ensemble des musiques, des effets, de la jouabilité et de l’immersion n’était pas maîtrisés. Il faut y jouer pour prendre conscience du potentiel du jeu et encore plus du potentiel de la réalité virtuelle. Tetsuya Mizuguchi nous transporte virtuellement dans un voyage lyrique et poétique jouant volontairement avec nos sens, les tympans redemandent du rythme, nos yeux larmoient de mélancolie face à ce feux d’artifice d’effets visuels, nos poils se hérissent et la pression artérielle s’accélère au fil du scoring. Les parties s’enchaînent et le temps semble s’arrêter. La jouabilité de Tetris effect est simple et intuitive à tel point que notre esprit s’empare de notre corps afin de prendre le contrôle de nos mains et jouer devient un automatisme. Si vous comptez vous procurer Tetris Effect, prévenez votre hiérarchie, posez vos jours de congé car je vous préviens, ce savoureux cocktail féerique et détonnant donne naissance à une nouvelle addiction nommée TETRIS EFFECT et soulève une nouvelle fois la question : le jeu vidéo n’est il pas une forme d’art ?
Tetris Effect est bien noté partout par la presse…..après avoir essayer la demo, je ne sais pas quoi en penser, il faut aimer Tetris pour apprecier le jeu, mais en dehors de ca….ca reste Tetris avec un super emballage. La musique est envoutante, les effets pas si mal….mais c’est tetris quoi et plus chere encore que Firewall ou Astro bot c’est dire, je suis plus optimiste finalement avec Deraciné qui s’est fait completement défoncé dans votre test. Je respecte tout de meme votre test (les tests demeurent subjectifs) et vous faites vraiment du bon travail de couvrir la VR comme vous le faites.
Merci d’avoir lu les tests en tout cas TBlay ! Deux jeux finalement difficile à « noter » et à juger mais une chose est sure et résume plutôt bien les tests: Lorsque nous avons joué à Déraciné nous avons trouvé le temps long et on s’est même un peu forcé pour le finir avant d’écrire dessus; Pour Tetris c’est le contraire, lorsque tu commence une partie, c’est difficile de décrocher. C’est tout de même un indice très fort sur le plaisir de jeu. Même si évidement ces deux jeux ne peuvent pas être comparés tant ils sont diamétralement différents.
La démo de Tetris Effect ne montre pas tout. Et comme je le dis souvent, On peut mettre un 10/10 à un FPS, le jeu n’aura que peu d’intérêt pour un joueur qui n’aime pas les FPS. Un test n’est qu’un avis sur le jeu et ne représente jamais un conseil d’achat ou non. Nous avons tous une sensibilité qui nous est propre.
Pour le cas Déraciné, il n’a pas été fracassé, il a la moyenne mais le titre semble avoir été précipité vers la sortie et terminé à la va-vite. Une BO tenant sur trois morceaux avec un morceau principal couvrant les 90% du jeu (3 accord de violoncelle en boucle), pas de scénario, le voyage dans le temps pour modifier le présent n’est pas une trouvaille et ce thème existe déjà depuis longtemps dans les jeux vidéo et au cinéma. Les graphismes restent le point fort du jeu mais même là, certains jeux font beaucoup mieux en déplacements libres. Déraciné aurait pu avoir un 6/10 mais perso, j’étais parti pour ne pas lui mettre la moyenne au départ. Heureusement, nous étions 4 à le tester sans se consulter entre nous. Au final, le jeu a eu un 4/10, un 5/10 et deux 6/10 ! Lui mettre un 9 ou 8/10 … c’est juste pas possible ! (En tous cas pour nous). Sauf si on est un gros Fan Boy de la licence DarkSoul peut-être.
Pour Tetris Effect, comme le dit Sei, oui ce n’est qu’un Tetris, oui il est addictif, avec un bon contenu. Encore une fois, si on aime pas Tetris, ça ne se discute pas ! Le prix du jeu est élevé, ça je suis complètement d’accord avec toi. On ne propose pas un Tetris au prix d’AstroBot ! Mais Tetris est le jeu le plus vendu au monde, il plait à tous les joueurs homme, femme et enfants. C’est un niveau au dessus dans l’immersion et il apporte autre chose. On ne s’ennuie jamais.
Nous avons publié le TOP 50 des meilleurs jeux PSVR, un classement élaboré à partir des votes de notre communauté. On se fait encore rentrer dedans car des joueurs ne peuvent concevoir que Astro Bot passe devant Resident Evil 7… Ce n’est pas notre classement ! Comment comparer un Astro Bot et un RE7 ? Les deux jeux sont excellent dans leur style et il faut de toute manière les avoir dans sa VRthèque ! Pourquoi autant de haine pour 0,3 % d’écart qui font que Astro Bot passe devant RE7 ? Les joueurs sont intelligents, il ne vons pas se jeter tête baissé sur un jeu qui à 9/10 si ce jeu ne leur plait pas ! A eux de lire plusieurs avis afin de motiver ou pas leur achat.
Déraciné obtient une moyenne de 6,9/10 sur les 75 tests dispos dans le monde. Tetris Effect a une moyenne de 8,8/10 sur 70 critiques presse internationales. Dans les deux cas, nous sommes en dessous de la moyenne ! Pour Déraciné, je suis convaincu que le jeu n’aurait pas cette note si il n’y avait pas un gros studio derrière. Sous pretexte que c’est les devs de Bloodborne, on va s’emballer un peu comme à la sortie d’un nouveau StarWars … mais le souffler retombe vite ! Sur 75 tests, les notes vont de 3/10 à 9/10 … le jeu divise c’est certain ! Voilà pourquoi on était 4 à le tester ! Non, ce n’est pas un chef d’œuvre, loin de là !
Ces tests ne sont QUE nos avis et restent de toute façon très personnels !