Marc Spiquel
Werewolves Within est un jeu de plateau adapté en réalité virtuelle par Red Storm Entertainment et édité par Ubisoft (Star Trek Bridge Crew, Trackmania, Eagle Flight…), dans lequel 5 à 8 joueurs sont amenés à masquer ou à démasquer, selon le camp dans lequel ils se trouvent, les loups garous présents à la table du jeu. Chaque joueur est amené à y jouer un rôle qui change à chaque partie et incarne véritablement le personnage dont il prend l’apparence.
Werewolves Within est sorti sur toutes les plateformes VR, dont le Playstation VR, en décembre 2016. Alors pourquoi en parlons-nous aujourd’hui ? D’abord, parce qu’il ne ressemble à aucun autre jeu de réalité virtuelle.
Ensuite, parce que le jeu a ses adeptes sur le long terme et qu’une communauté continue à y jouer régulièrement. C’est aussi l’occasion pour les joueurs ayant fait l’acquisition récente de leur casque virtuel de savoir ce qui se cache derrière ce titre très particulier.
L’interface de jeu de Werewolves Within: un précieux grimoire et des dialogues libres.
On lance Werewolves Within comme on ouvre un livre, ou un grimoire pour être précis. On en feuillette les pages pour lire les règles du jeu, régler quelques options (choix de la région ou de la langue de jeu qui est essentielle), et se lancer dans une partie.
Une fois la partie lancée, on se retrouve avec d’autres joueurs en ligne, 5 au minimum, 7 ou 8 idéalement, qui ont chacun une apparence propre, tous étant volontairement très caricaturaux et semblant issus tout droit du moyen-âge.
Le grimoire restera notre support au cours des parties, et nous pourrons toujours l’ouvrir à nouveau quand bon nous semblera, pour utiliser certains pouvoirs, ou simplement pour réviser la description des rôles présents dans une partie. Tous les textes sans exception sont en Français, mais il ne faut pas imaginer qu’il y beaucoup de lecture à faire, il y en a très peu. Ici, c’est surtout la parole…ou la discrétion que nous allons utiliser pour parvenir à nos fins. Et pour cela, l’interface est aussi simple qu’immersive : la plupart du temps, elle consiste à s’adresser directement aux autres joueurs.
Un gameplay unique basé sur l’expression !
Au début d’une session de jeu, nous sommes dans la peau d’un personnage et c’est donc sous cette apparence étrange que nous perçoivent nos partenaires et nos adversaires. En revanche, ils entendent notre véritable voix captée par le micro du Playstation VR. Le décalage entre les voix et l’aspect physique du joueur donne souvent des situations très drôles. Ce qui rend le comportement de chacun particulièrement crédible c’est que la prise de parole s’accompagne automatiquement du mouvement des lèvres de l’orateur et de quelques mimiques simultanées.
Les touches directionnelles de la manette Dualshock peuvent aussi être utilisées pour effectuer certains gestes quand on le souhaite. Le jeu n’est hélas pas compatible avec les PS Move, ce qui serait un véritable plus s’ils offraient une liberté gestuelle totale, mais on se fait très bien à la configuration proposée d’autant que l’on peut librement se lever pour parler d’autorité ou se pencher vers un autre joueur pour lui murmurer à l’oreille les secrets que l’on pense ne pas pouvoir partager avec le reste de l’assemblée. La reconnaissance des mouvements fonctionne toujours parfaitement durant ce actions-clés.
Des scénarios aléatoires dont nous sommes de véritables acteurs !
Une partie se déroule toujours de la manière suivante, en une dizaine de minutes : les rôles sont attribués aléatoirement à chacun des joueurs présents et chacun ne peut connaître à ce moment-là que son propre rôle, on ne connaît absolument pas les rôles des autres joueurs. L’assemblée est composée en deux camps : les villageois et les loups-garous, qui peuvent être entre un et trois.
On procède alors à un rapide tour de table pendant lequel chacun proclame librement ce qu’il est, mais certains mentent forcement pour cacher leur véritable identité.
Un débat s’instaure et est animé, selon les parties, d’accusations, de soupçons, d’alliances, de fausses pistes et de complots par les uns et les autres. Ce débat s’articule sur les pouvoirs dont héritent certains joueurs en fonction de leur rôle.
Parmi les rôles possibles dans une partie, outre les simples villageois et les loups-garous, nous pouvons avoir affaire à des rôles qui auront accès à des indices en cours de partie. C’est le cas de l’astrologue, du pisteur, de l’observateur, du limier, de l’élu, de la commère et de l’illuminé. La partie peut aussi comporter un traître qui essayera de faire gagner les loups et un déviant dont l’objectif secret sera de se faire accuser à tort.
L’art de trouver une partie :
La seule difficulté est en fait de trouver une première partie avec suffisamment de joueurs connectés, puisque le jeu ne peut se lancer qu’à partir de 5 joueurs.
Pour cela, il y a des heures où il est presque impossible de jouer, les parties ayant surtout lieu soit en soirée dans la semaine, soit à partir de la fin de l’après-midi le week-end.
Il existe aussi une communauté Playstation nommée Werewolves Within France composée de près de 300 joueurs francophones dans laquelle il suffit de s’inscrire pour recevoir sur son compte PSN les alertes des joueurs en attente d’un nombre suffisant pour commencer une partie, et cette méthode est efficace pour se retrouver. On reçoit alors, plusieurs fois par semaine, des messages du type « on cherche des loups » ou « qui va au village ? »
Ajoutons que Werewolves Within est complètement cross plateformes.
Les graphismes :
des environnements agréables que l’on aimerait plus nombreux.
Werewolves Within se joue assis, à quelques actions près, dans l’un des trois décors qui se succèdent à chaque nouvelle partie :
- Le village qui nous voit réunis autour d’une table
- La montagne où nous sommes devant un château et une fosse
- Le campement où nous discutons autour du feu.
Ce sont des décors de type cartoon, colorés, agréables à l’œil et parfaitement adaptés au titre.
Les apparences des personnages sont réussies et drôles, leurs animations bluffantes tant elles sont bien synchronisées avec nos voix. Le sentiment d’immersion est parfait.
Le seul défaut, c’est qu’on aimerait tellement avoir plus de décors dans le même esprit mais différents et de nouveaux personnages pour varier encore un peu plus les plaisirs.
La bande son, ce sont les joueurs qui la font !
La bande sonore est on ne peut plus simple parce qu’elle se limite à une musique ou plutôt un jingle d’accompagnement du début et de la fin de chaque partie, d’un effet sonore lors de l’utilisation d’un pouvoir et de la voix du maître du jeu, brève mais excellente. Malgré sa discrétion, l’aspect sonore participe à l’ambiance générale du jeu et est adaptée à ses différentes phases.
L’essentiel des sons, ce sont bien-sûr les voix des joueurs pour lesquels la perception audio fonctionne généralement sans problème.
Conclusion
Werewolves Within est un jeu unique en son genre en réalité virtuelle qui n’attirera jamais des millions de joueurs mais qui doit son succès honorable sur le long terme, auprès d’une communauté de joueurs fidèle, à une formule très efficace, très bien réalisée et addictive. L’immersion, la perspicacité et la bonne humeur sont invariablement au rendez-vous de chaque partie d’un jeu de société rapide dont il ne tient qu’à chacun d’en devenir l’acteur talentueux.
On aimerait forcement quelques nouveautés au bout de plusieurs mois, mais le concept accroche presque toujours ceux qui franchissent l’entrée de ce joyeux village et qui trouveront le bon moment pour y revenir.
Un jeu culte pour certains joueurs.
