
Avant de commencer, nous tenons à remercier PlayStation France de nous avoir offert un code pour la réalisation de ce test complet d’Animal Force.
Pékin, 27 mars 2017 – Locaux d’ISVR – Salle de brainstorming pour Animal Force (compte-rendu très librement traduit du mandarin par le rédacteur de cet article).
- « Bon les gars, il nous faut une idée géniale pour notre prochain jeu sur PSVR !! Vous avez quoi en stock ?
- Et si on faisait un jeu de stratégie ?
- Ah ouais, génial, il y en a peu sur PSVR !!! On pourrait faire un tower defense, mais qui exploiterait les possibilités de la VR !?
- Mais ouais !!! Avec des petits animaux mignons qui auraient chacun un pouvoir différent comme balancer des missiles, faire apparaitre des pattes de nounours géantes … et qui protégeraient les habitants d’une planète naine aux couleurs psychédéliques d’aliens qui seraient venus les enlever …
- Génial !!! Et sinon pour le scénario ?
- … bah on l’a, le scénario !! Merci les gars. Excellente réunion de travail !!! »
C’est à peu près en ces termes qu’aurait pu se tenir la réunion de cadrage d’Animal Force, le jeu de tower defense du tout jeune studio ISVR. Mais qu’en est-il aujourd’hui avec la version finale du jeu ?
Les graphismes de Animal Force : enfantins, mais agréables
Animal Force mise clairement sur un environnement enfantin et mignon. Ici, pas d’aliens belliqueux et d’environnements post-apocalyptiques à la XCOM 2, on évolue sur une planète miniature aux couleurs bucoliques. Les unités de défenses sont incarnées par des animaux très kawaii, les aliens ont des designs dignes de jouets pour enfants, etc… Bref, la patte graphique d’Animal Force vise clairement un public jeune, et s’en sort plutôt bien.
La modélisation 3D du vaisseau, des unités de défense et ennemis, de la planète est simpliste (voire très épurée en mode campagne…) mais correcte, en tout cas cohérente avec l’univers enfantin voulu par les développeurs. Les couleurs, chaudes, sont agréables à l’œil. Bref, un univers visuel enfantin cohérent et agréable, même si visuellement très simpliste.

Gameplay : que la force soit avec vous !!
Le gameplay est clairement le point fort d’Animal Force. ISVR a souhaité nous offrir un tower defense qui s’affranchit de la 2D pour proposer de positionner ses défenses dans un volume en 3D.
Chaque « niveau » se découpe en séquences où apparaissent des vortex desquels sortent diverses catégories d’aliens. Ceux-ci vont alors suivre un tracé prédéfini descendant jusqu’à la « Terre » où ils vont enlever un humain qu’ils tenteront ensuite de ramener au vaisseau mère. Au bout de 10 humains enlevés, c’est le game over.
Le rôle du joueur va alors être de positionner / repositionner ses défenses au plus proche de ces tracés prédéfinis pour détruire les vagues d’aliens (attention toutefois à éviter tout contact qui est mortel pour nos charmants animaux). Une fois la vague de quelques vortex terminée, une autre vague apparait alors ailleurs, crachant ses vils aliens à son tour. Ainsi de suite jusqu’à la fin du niveau. Un boss vient de temps en temps rompre la linéarité du système de jeu de Animal Force, offrant quelques minutes de challenge.
Pour défendre ces chers humains, le joueur dispose d’unités de défense qui vont avoir chacune leur capacité (jusqu’à 11 types d’unités, qui se débloquent au fur et à mesure) : le panda chinois (qui lance des missiles), l’hippopotame (qui lance des bulles ralentissant les ennemis), le chat égyptien (qui génère un champ de force en forme de pattes de chat géante qui détruit tout ce qui le touche), la poule française (qui lance des poussins à tête chercheuse, oui oui…), etc.
Au-delà du charadesign kawaii, on est 100% en phase avec les poncifs du genre tower defense, avec ses unités de défenses qui pourront évoluer contre des étoiles d’or (la monnaie locale), ses ennemis aux caractéristiques variées (unité rapide mais faible, unité résistante mais lente, unité qui tire des projectiles, etc…), ses bonus qui viendront vous soulager un peu en cours de jeu (bombe glacée qui freeze les ennemis, …).
En termes de jouabilité, Animal Force est très agréable à prendre en main. On s’étonne au début à prendre du plaisir à jongler entre les unités, les déplacer rapidement d’un vortex à un autre, en optimisant le positionnement de telle ressource par rapport à une autre pour combiner leurs capacités… l’unique PS Move utilisé au cours du jeu répondant plutôt bien.
Là où ça se corse, c’est quand l’action se densifie… Animal Force peut alors devenir brouillon, noyé dans la multitude d’unités de défense et ennemis qui apparaissent à l’écran, et l’on a plus le sentiment de subir l’action que de la maitriser. Par ailleurs, le jeu a un côté punitif assez marqué : on peut très bien maitriser un niveau quasiment jusqu’au bout, pour voir toutes ses unités se faire dézinguer en 2 secondes montre en main par un ultime tir de missile vicieux… plutôt agaçant. Et cette difficulté va crescendo avec le temps, jusqu’à devenir pénible sur le dernier tiers du jeu.
Et l’on en vient au principal défaut d’Animal Force, inhérent au genre même du Tower Defense … bah au bout d’un moment, on s’ennuie… Les niveaux se succèdent, les développeurs ont éparpillé au fil des niveaux quelques idées pour tenter de raviver la flamme (des trous noirs qui apparaissent et absorbent tout, de nouveaux ennemis plus puissants…), mais au final, on refait encore et encore la même chose, souvent avec les mêmes 3-4 types d’unités qu’on maitrise (tant certains types d’unités sont insignifiantes, mention spéciale à la poule à tête chercheuse). Et l’on ne sait même pas quelle est notre progression globale dans Animal Force, puisque l’on se contente d’enchainer les zones de la planète à sauver, sans savoir combien la planète en comporte.
Bref, une mécanique de jeu intéressante et plutôt innovante, noyée par une linéarité de jeu au final ennuyeuse, et une difficulté mal calibrée sur la fin.

Musique et son : bienvenue dans l’ascenseur d’ISVR
La musique et les sons collent bien avec l’univers visuel d’Animal Force. Les mélodies sont douces, même si elles ont un petit côté « musique d’ascenseur » passe-partout qui lasse, surtout qu’elles ne se renouvellent que trop rarement. Les sons sont, quant à eux, anecdotiques.
Sans être désagréable, la partie sonore vient renforcer ce sentiment de répétitivité que l’on ressent dans le gameplay.
Modes multi-joueurs : sans moi !
Animal Force offre aux joueurs la possibilité de s’essayer à 3 modes de jeu multi-joueurs, sur le principe d’un joueur PSVR qui joue contre 1 à 3 joueurs à la manette. Chaque jeu se présentant sous la forme d’un mini-jeu de plateau aux thématiques différentes :
Le mode « Diviser pour mieux gagner » propose au joueur PSVR de s’opposer à un unique joueur manette sur un plateau de jeu fermé dans lequel le but sera pour le joueur manette de ramener à son vaisseau 10 humains, pendant que le joueur PSVR devra l’en empêcher. Trop court, bancal, ce mode est anecdotique, et ne procure que peu de plaisir aux joueurs.
Le mode « Vol de statue » (jusqu’à 3 joueurs manette) propose aux joueurs manette de voler des statues en les déplaçant vers une zone donnée pendant que le joueur PSVR tirera des flèches (infinies…) pour les en empêcher. Ce mode de jeu est inintéressant tant le déséquilibre entre le joueur PSVR et les joueurs manette est important (flèches infinies et rapides pour le joueur PSVR, lenteur absurde pour les joueurs manette)
Le mode « Cherchez l’intrus » (jusqu’à 3 joueurs manette) propose quant à lui une partie de cache-cache : le ou les joueurs manette, mélangés avec des clones gérés par la console, doivent rejoindre une des 3 sorties du plateau sans se faire repérer. Pour débusquer les joueurs manette, le joueur PSVR pourra intimer l’ordre aux clones et joueurs sur le plateau de prendre une des 4 positions possibles (en sélectionnant une position qui correspond à un des boutons de la manette). La position sera alors exécutée par les clones, et si le joueur manette est trop lent ou se trompe de bouton, il est repéré, et il se voit assener un coup de marteau fatal du joueur PSVR. Plus sympa sur le principe, ce dernier mini-jeu était complètement buggé sur la version testée (les postures réalisées par les joueurs manette ne correspondant pas à celles réalisées par les clones…). Injouable donc.
Bref, 3 modes multi-joueurs à oublier.
Conclusion : dommage !
Exploiter les possibilités inhérentes à la VR pour renouveler le genre du Tower Defense est une excellente idée ! Si les premiers instants d’Animal Force apportent leur lot de plaisir (on se retrouve tel un jedi magnant le sabre laser à positionner et repositionner ses défenses en virevoltant dans le salon), on tombe malheureusement au bout de quelques heures dans le travers du tower defense, c’est-à-dire un sentiment de répétitivité, et les quelques nouveautés éparpillées au fil d’Animal Force n’y changent rien.
Ajoutons à cela une action parfois un peu brouillon, une difficulté mal dosée sur le dernier tiers du jeu et l’on obtient un petit jeu sympa, pas fondamentalement mauvais, sur lequel on prend du plaisir sur certaines séquences, mais qui lasse avec le temps, et ne restera au final pas dans les annales.
Bon test 😉 Intense le brainstorming du début
Merci Sei 🙂