
La société Pico Interactive n’est pas une inconnue dans l’univers des casques de réalité virtuelle pourtant le grand public énoncera plus facilement les marques PlayStation (PSVR) ; Oculus et ses casques Rift et Quest ; HTC et son casque Vive mais aussi Valve ; Samsung et plus accessoirement les marques Lenovo ; HP ; Acer. Ce manque de visibilité de la marque Pico Interactive tient au fait que cette dernière s’est plus orientée vers le milieu professionnel et a peu communiqué en dehors des canaux habituels propres au secteur. Fondée en 2015, Pico se veut être taillée pour les affaires et leader sur le marché intérieur chinois, les solutions d’entreprises internationales et les opérateurs de téléphonie mobile. Elle est aussi la première société à concevoir le premier casque VR autonome. Actuellement la société commercialise cinq casques standalone de réalité virtuelle, les plus aboutis et puissants étant le Pico Neo 2 et Pico Neo 2 Eye que nous avons testé. Ces deux casques similaires ne se différencient que par la fonction Eye Tracking équipant le model Neo 2 Eye.
De part leurs caractéristiques les casques Pico Neo 2 et Pico Neo 2 Eye (Eye Tracking) se placent en confrontation directe avec l’Oculus Quest et Quest 2. Voyons cela ensemble.

Pico Neo 2 Eye : Les caractéristiques.
Le Pico Neo 2 Eye est disponible à la commercialisation depuis le mois de juin 2020 soit un mois après la sortie de son frère jumeau non équipé de la fonction Eye Tracking. Il est équipé d’une SoC Qualcomm Snapdragon 845 sorti en février 2018 et fabriqué en LPP FinFet 10nm chez TSMC. Il intègre 4 coeurs Kryo 385 jusqu’à 2,8 GHz (max) pour les performances et 4 coeurs Kryo 385 à 1,8 GHz (max) pour l’efficacité. Il offre en outre un modem X20 LTE (liaison descendante Cat.18 1,2 Gbps, liaison montante Cat13 150 Mbps), ac-WiFi et un contrôleur de mémoire LPDDR4x 32 bits 1866 MHz à double canal contrairement au SoC Qualcomm Snapdragon 835 sorti début 2017 fabriqué en 10 nm (LPE FinFET chez Samsung) équipant le Quest 1. Ce dernier intègre 4 coeurs Kryo 280 à 2,45 GHz (max) pour les performances et 4 coeurs Kryo 280 à 1,9 GHz (max) pour l’efficacité et offre un modem X16 LTE, 802.11a / b / g / n / ac / ad WiFi, un contrôleur de mémoire LPDDR4x 32 bits 1866 MHz double canal.
Le Quest 2 quant à lui est équipé d’un SoC Qualcomm Snapdragon XR2 offrant par exemple des performances CPU GPU deux fois supérieures au Soc 835, 4 fois le débit de pixels, 6 fois la résolution d’affichage et 11 fois le TOPS AI dédié.
Le SoC SD845 du Pico Neo 2 Eye est donc à mi chemin entre le SD835 et le SDXR2. Il est supporté par 6Go de ram comme pour le Quest 2.
Le casque est doté d’une dalle de 5,5 pouces permettant d’afficher du 4K 3840×2160 (1920×2160 par oeil) avec un rafraîchissement de 75Hz. Il est équipé de lentilles Fresnel et offre théoriquement un FOV de 101 degrés. L’ipd (55mm~71mm) est réglable par software et non mécaniquement.
Deux caméras externes complètent le dispositif et deux contrôleurs VR haptiques 360° 6DoF pour une plus grande interaction. Il est possible d’associer aux 128Go de mémoire interne une carte SD de 256Go. Les connexions comprennent un port USB-C 3.0 et un port 3,5mm DC Jack: Pour le son on peut profiter des deux hauts parleurs à effet spatial situés dans les branches ou via le DC Jack 3,5mm ou en Bluetooth.
Le casque est pourvu de la fonction Eye Tracking développée par la firme Tobii. La calibration du suivi du regard est assurée en cinq points. La fréquence de sortie des données du regard (binoculaire) est de 90Hz et les angles du regard : 25° gauche|/droite/bas et 20° haut.
La fonction Eye tracking du casque ne sert pour l’instant qu’au domaine professionnel. Hormis l’expérience de tir (cf vidéo) je n’ai pas eu le loisir de constater une compatibilité avec un jeu ou expérience.
Ergonomie :
Le Pico Neo 2 Eye est sans doute le casque le plus confortable que j’ai eu à porter à ce jour, loin devant le Quest 2. Pourquoi ? Tout simplement car il est extrêmement bien équilibré, Pico ayant fait le choix dès le début de la conception de placer la batterie (permettant une autonomie de 2 heures) sur la partie arrière de l’arceau de fixation. Ainsi le poids de cette dernière ne pèse pas sur le front, envolé l’inconfort ou la gène douloureuse au bout de quelques minutes des casques concurrents ceci étant bien aidé par un cover épais et agréable.
Par ailleurs cet arceau est équipé de « charnières » lui permettant une rotation, plus besoin de tirer la sangle comme sur le PSVR ou le Quest. Ici on présente le casque face à soit et on rabat l’arceau. C’est efficace et surtout moins stressant pour ceux équipés de lunettes (Cf vidéo). Une molette positionnée sur la batterie permet d’ajuster à sa convenance le serrage de l’arceau.
Une sangle à trois points de fixation sur le sommet complète le dispositif de réglage du casque. L’ensemble est très léger au porté malgré les 690 grammes de l’ensemble.
J’ai toutefois relevé malgré de nombreux réglages l’apparition rapide de buée sur les lentilles. À noter également la présence d’un jour à la racine du nez propre à nombre de casques.
Les deux contrôleurs 360° 6DOF à retour haptique sont l’un des points innovants de ce casque. Si le Pico est équipé de deux caméras en façade le tracking ne s’effectue pas par ce moyen. Les deux contrôleurs ressemblant au Navigation Controller épaulant à leurs sorties les PS move de PlayStation. De formes similaires à ce dernier les contrôleurs du Pico sont équipés chacun d’un stick et de quatre boutons en plus du triger et de la gâchette latérale comme sur les Oculus Touch. Bien équilibrés leur prise en main est facile et ne m’ont pas gêné sur la durée. Ils sont équipés d’une batterie rechargeable (des piles pour les Oculus Touch) offrant plus de deux heures d’autonomie.
Ces derniers ne souffrent d’aucun soucis de reconnaissance, pas de curseur qui se balade sans qu’on le désire ou qui glisse comme on peut le voir ailleurs. La reconnaissance électromagnétique fait merveille et ce même si vous rapprochez ces derniers de part et d’autre du casque ou derrière votre tête. À noter toutefois un temps de réaction légèrement supérieur aux contrôleurs à tracking optique.

Partie Standalone :
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Interface :
En allumant votre casque il vous sera demandé de choisir votre guardian. Au-delà du choix de la position assise ou debout deux possibilités s’offrent à vous. La première est le choix d’une aire de jeu pré-établie. Si vous choisissez cette dernière 3 circonférences vous seront proposées : Petite ; Moyenne ; Large. Vous pourrez également définir la hauteur de votre sol. C’est bien vu car c’est un gain de temps évident.
L’autre possibilité offerte est de définir manuellement son guardian comme sur Quest par exemple. Même procédé, on définit la hauteur du sol puis on trace son aire de jeu. Même si c’est moins bien présentée que sur Quest ça reste efficace et c’est bien là le plus essentiel.
Comme pour les casques Oculus, le Pico Neo 2 s’appuie sur une architecture Android (8.1 pour le Neo2 Eye).
Le home d’accueil est sensiblement identique à celui connu sur les plateformes Quest. De ce coté-ci pas de surprise donc. Vous avez la possibilité de changer votre décor extérieur les choix sont accessibles depuis le home sans avoir besoin de rentrer dans les menus. Il est en revanche pas possible de changer le décor intérieur. Contrairement à la version Quest 2, le décor extérieur n’est pas animé, il est fixe sur Pico Neo 2 Eye.
L’interface est soignée et de nombreuses possibilités de réglages vous sont proposées, ce qui est bienvenue. Nativement des applications sont disponibles dont des démos et jeux gratuits que l’on peut aisément compléter notamment avec les applications pour l’eye tracking.
Le navigateur Firefox quant à lui permet d’aller sur internet ou Youtube par exemple, de nombreux réglages sont disponibles.
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Le store :
Une plateforme numérique maison équipe le casque. Des jeux et des expériences vous sont proposés gratuitement ou moyennant achat. En ce qui concerne les jeux le catalogue est de loin en retrait par rapport à celui de l’Oculus Quest. Cette faiblesse s’explique par le choix de la firme de sévir principalement dans le domaine professionnel et non grand public. Les gros titres tels que Moss sont donc absents. Sairento, Down the Rabbit Hole, Ninja Legends que nous connaissons sur PSVR ou Quest sont quant à eux présents.
Un DSK pour les développeurs est disponible afin que ces derniers produisent leurs titres sur la plateforme Pico. Ainsi il est marrant de noter la présence du titre PangMan du studio Ivanovich Games déjà disponible alors que le titre est pour l’instant accessible sur Steam VR et doit arriver sur les casques Quest et PSVR dans les mois à venir. Les prix pratiqués y sont sensiblement identiques à ceux des stores concurrents.
Le nombre d’expériences et lui également limité. Beaucoup sont gratuites et servent principalement aux professionnels.
Le store du Pico souffre du manque de titres et notamment de titres phares. Il est le même que le store du frère jumeau le Pico Neo 2 moins accès professionnel. C’est une réelle problématique surtout si l’on priorise la partie standalone du casque et le jeu en particulier.

Compatibilité Steam VR :
Si vous aimez le jeu sachez qu’il est possible avec le casque de jouer aux jeux PCVR de la plateforme Steam VR. Deux moyens de connexion s’offrent à vous : en filaire via câble USB ou via wifi. Pour la partie wireless, votre routeur doit être en 5Gh et une liaison par câble ethernet Cat 6 est préférée.
La connexion est des plus simple et ce que vous soyez en filaire ou non. Au préalable vous devez télécharger et exécuter sur votre PC l’application Pico VR Streaming Assistant que vous trouverez ICI. Pour l’instant les cartes graphiques Nvidia sont priorisées par le fabricant.
Une fois installée, dans votre casque vous lancez l’application native portant le même nom que la version PC. Le casque est détecté et vous choisissez filaire ou non, l’affiliation avec le PC se fait automatiquement et vous lancez dans le casque Open Steam VR.
Une fois fait vous serez transposez dans le home de Steam VR et vous n’aurez plus qu’à aller dans votre bibliothèque pour jouer.
J’ai personnellement rencontré pas mal de désagréments, je me suis rabattu sur le filaire, ma connexion internet ne me permettant pas de tester en streaming. J’ai rencontré de nombreux crashs de Steam VR avec le Pico Neo 2 Eye alors qu’avec le Quest 2 je n’ai eu aucun soucis. J’ai changé de câble (moins de 4m) j’ai changé de port USB, j’ai désinstallé et réinstallé plusieurs fois Steam VR. Alors certes ça a fonctionné mais les crashs ont nuancé mon plaisir. Ce désagrément vient sans doute de la dernière mise à jour du casque que j’ai effectué et qui n’est peut-être pas encore optimisée à son maximum avec Steam VR, on sent qu’il y a un conflit quelque part. Visuellement également j’ai constaté par moment un downgrade du rendu dans le casque alors que ce dernier permet du 2K par oeil. Ce downgrade n’est pas effectif tout le temps mais bien présent contrairement à la même expérience sur Quest 2.
En revanche aucun problème avec les contrôleurs qui font le taf.

